En Suisse, le montant du salaire minimum rivalise avec l’altitude de ses montagnes. Il s’équilibre avec un niveau de vie tout aussi impressionnant, bien que le coût de la vie soit élevé dans cet État. En 2023, le SMIC suisse atteint des records. Les Helvètes le qualifient plutôt de salaire minimum légal. Comment expliquer cette situation ? Pourquoi cette valeur minimum réglementaire surpasse-t-elle celui des pays voisins ? Si la curiosité vous pique à propos des montants des salaires en Suisse, poursuivez votre lecture. Vous pourriez être surpris.
Comprendre le concept du SMIC et son application à travers le monde
Que signifie exactement le mot SMIC ?
Cet acronyme désigne littéralement « Salaire minimum interprofessionnel de croissance ». Il naît en France avec la loi du 2 janvier 1970. Il est défini par la loi. Cette dernière précise le seuil en dessous duquel un employeur ne peut rémunérer ses salariés.
Quelques exemples de salaire minimum légal à travers le monde
Aux États-Unis, les travailleurs disposent également d’un salaire minimum légal. Il se chiffre aujourd’hui à 7,25 $. Son montant stagne depuis 2009. Certains États fédéraux supplantent toutefois ce Federal Minimum Wage par un salaire minimum plus élevé. Dans l’État de Washington, par exemple, le salaire minimum légal est de 15,74 $.
De même, en Allemagne, un salaire minimum s’applique à partir de 2015. Depuis le mois d’octobre 2022, le Mindestlohn est de 12 € mensuel brut.
La spécificité du salaire minimum en Suisse : un cadre cantonal plutôt que national
La Suisse regroupe 26 États fédéraux ou cantons. Du point de vue national, aucun salaire minimum légal n’existe. Jusqu’à il y a quelques années, une seule forme de salaire minimum légal pouvait s’imposer aux patrons de chaque branche professionnelle. Les organismes représentatifs des salariés et les dirigeants d’entreprises s’entendent et définissent pour chaque activité et pour chaque grade un plancher salarial. Ces accords s’intègrent dans des conventions collectives de travail.
Depuis une dizaine d’années, des cantons ont décidé de déterminer eux-mêmes, un salaire minimum légal pour les travailleurs et les employeurs qui ne bénéficient pas du cadre des CCT. Aujourd’hui, cinq cantons sur 26 ont voté un salaire minimum légal.
- Le canton de Neuchâtel et celui du Jura ont fixé ce montant par rapport au seuil de pauvreté. Cette région applique le salaire minimum depuis le 31 août 2017. Les habitants du canton l’avaient approuvé lors d’un suffrage, le 27 novembre 2011. Dans le canton jurassien, le salaire minimum existe depuis le 1er février 2018 sur décision du parlement jurassien.
- Dans le canton de Genève, l’indice genevois des prix à la consommation détermine le salaire minimum légal. Une votation du peuple en septembre 2020 l’a instauré. Puis, l’organe exécutif, le Conseil d’État de Genève l’a officialisé en novembre 2020.
- Dans le canton du Tessin, une initiative populaire a entériné le salaire minimum proposé par les Verts en 2015. Ce salaire minimum évolue en fonction du salaire médian des habitants du canton. Malgré les contestations des patrons, il s’applique depuis 2021.
- L’électorat du demi-canton de Bâle-Ville a approuvé également lors d’une initiative populaire en juin 2021 l’existence d’un salaire minimum légal. Le Conseil d’État du demi-canton l’a fait entrer en vigueur le 1er juillet 2022. L’objectif était, dans ce contexte, de garantir un niveau de vie décent aux travailleurs avec un seul emploi à temps plein.
Zoom sur le salaire minimum en Suisse en 2023
Quelques chiffres clés
Afin d’appréhender de la façon la plus précise possible, la réalité de la situation, sachez qu’un franc suisse (CHF) équivaut environ à 1,02 €. De cette manière, vous pourrez ainsi, sans effort, déchiffrer la valeur des montants précisés ci-dessous.
Dans le canton de Genève
Depuis son instauration en 2020, le salaire minimum a connu des réévaluations régulières pour affronter l’inflation. En septembre 2022, celle-ci tourne autour 3,3 %. Depuis le 1er janvier 2023, le SMIC Suisse net se chiffre à 4 368 CHF, soit plus de 4 400 € ou 24 CHF par heure. Le salaire minimum suisse de Genève figure ainsi parmi les salaires minimums les plus importants au niveau mondial.
Le montant du SMIC dans le canton de Neuchâtel
Son montant s’actualise tous les ans en fonction de l’indice des prix suisses à la consommation du mois d’août précédent. En 2023, son tarif est de 20,77 CHF, soit environ 21,41 €. Le milieu agricole dispose d’un salaire minimum légal inférieur. Le smic suisse 2023 vaut 17,65 CHF l’heure dans cette région.
Salaire minimum légal dans le canton du Jura
Le SMIC horaire suisse légal voté en 2018 s’applique aux secteurs professionnels non soumis à une convention collective de travail dotée d’un salaire minimum. Le monde agricole n’entre pas dans ce système.
Le rôle des conventions collectives de travail : l’exemple de la branche de l’énergie
Cette convention collective prévoit pour chaque profession et pour chaque grade concerné le montant minimum de la rémunération. Par exemple, le salarié sans expérience et sans diplôme touche un salaire minimum de 4 200 CHF mensuel brut, soit 24,14 CHF par heure.
L’évolution du salaire minimum légal en Suisse : analyse de l’année 2022
En 2022, dans le canton de Genève, les traitements ont augmenté de 0,9 %. Toutefois, l’inflation vient absorber les bénéfices de cette progression. Sur l’année 2022, elle tourne autour de 2,8 %. Cela a donc provoqué une baisse du pouvoir d’achat de 1,9 %.
Ces chiffres recouvrent une situation générale. Si certains salaires réels ont diminué de 5 %, d’autres ont connu une hausse de l’ordre de 1,2 %.
Pourquoi le SMIC est-il si important en Suisse ?
La Suisse véhicule depuis longtemps la réputation d’un pays nanti. Le montant des salaires minimums légaux pourrait confirmer cette renommée. Qu’en est-il véritablement ? Quels sont les facteurs qui participent à un SMIC élevé ?
Un niveau de vie supérieur
En Suisse, le seuil de pauvreté surpasse celui des autres pays européens. Vous devez au moins percevoir un salaire mensuel minimum de 2 300 CHF pour vivre correctement dans le canton de Genève. En France, il s’estime en 2019 à 1 102 € selon l’INSEE.
Une durée de travail hebdomadaire plus longue
Il convient également de relativiser le montant d’un salaire mensuel par rapport au temps de travail. Si en France, la règle est aux 35 heures hebdomadaires, le salarié suisse œuvre en moyenne 42 heures par semaine.
Moins de taxes sur le travail, mais moins de protection sociale
Toujours en comparaison avec la France, le système des taxes dans la Confédération helvétique diffère. Elles pèsent moins sur les émoluments. Ainsi, le montant des cotisations patronales dans l’Hexagone s’élève à 30 % de la charge salariale. Elles ne grèvent que 10 % à 20 % en Suisse. Toutefois, remarquez que les frais de santé coûtent plus cher aux habitants en Suisse.
Le rôle prédominant du secteur tertiaire
Le secteur tertiaire emploie une immense majorité des salariés dans ce pays. Ainsi, d’après l’office fédéral de la statistique, 458 843 entreprises sur un total de 600 421 en 2021 appartiennent au secteur tertiaire. Cela représente plus de 75 % des postes. Or, les activités du tertiaire procurent des traitements plus élevés que les métiers des autres secteurs.
Le montant du salaire minimum en Suisse varie donc selon les cantons et les catégories socioprofessionnelles. Dans tous les cas, il reste aujourd’hui, l’un des plus élevés au monde. La prédominance du secteur tertiaire participe à la richesse de cet État. Toutefois, la durée du travail hebdomadaire surpasse celle de la plupart des autres pays européens.
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